MESSAGE A LA NATION
DE SON EXCELLENCE LE PROFESSEUR FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, CHEF DE L’ETAT
A L’OCCASION DU 67EME ANNIVERSAIRE DE LA PROCLAMATION DE LA REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
(1ER DECEMBRE 2025)
- Centrafricaines ;
- Centrafricains ;
- Mes Chers Compatriotes,
En ce 1er décembre, jour sacré de la Proclamation de la République Centrafricaine, c’est toujours avec le même plaisir et la même fierté que je m’adresse à vous, dans la tradition républicaine solidement ancrée dans notre pays.
En célébrant le 1er décembre, nous témoignons notre attachement indéfectible et notre fidélité à la République et à ses valeurs cardinales : Unité, Dignité, Travail.
Ces valeurs, portées par nos Pères fondateurs, constituent notre communauté de destin, le ciment de notre Nation, nos sources d’inspiration, la boussole et l’étoile qui nous guident vers notre destinée de paix et de prospérité partagée.
Oui, il y a très exactement 67 ans, nos aïeux, les Oubanguiens, par leur foi, leur héroïsme et leur sacrifice, ont fait naître, le 1er décembre 1958, la République Centrafricaine, notre bien commun, notre fierté et notre avenir.
Ils ont porté une vision : nourrir, vêtir, loger, soigner et instruire ; une vision pour la liberté et l’indépendance où règnent l’Unité, la Dignité et le Travail.
Ils avaient osé rêver car ils avaient une conviction et une confiance fortes dans les capacités transformatrices du peuple qu’ils étaient déterminés à conduire vers l’Indépendance.
Leur lutte reste gravée dans l’histoire comme l’une des plus grandes épopées de défense de la liberté et de la dignité de l’époque moderne.
C’est pourquoi, en célébrant le 1er décembre, nous voulons transmettre à notre jeunesse les souvenirs de sacrifices et de l’héroïsme qui ont forgé notre destin, notre identité nationale et qui nous rendent si fiers d’être Centrafricains.
Mes Chers Compatriotes ;
Le 1er décembre est certes un moment de fierté nationale, de réjouissance, mais c’est aussi un moment de gravité.
En ces instants mémorables, nos pensées s’élèvent vers nos Pères fondateurs, ces visionnaires qui ont su transformer la souffrance de la colonisation en courage, la dépendance en dignité, une population longtemps soumise et longtemps brimée par tous en un peuple fier et souverain.
Je voudrais donc réitérer l’hommage de la Nation au Président fondateur, feu Barthélemy BOGANDA, qui a su poser le jalon de l’édification de notre Nation.
Ce jour de Fête nationale est en effet une nouvelle occasion de rendre hommage à celles et ceux qui sont morts pour la République, la paix et la liberté.
En ce jour de mémoire et de fierté, nos pensées et nos cœurs se tournent particulièrement vers ceux qui veillent sur la patrie.
Je veux saluer, avec émotion et gratitude, nos soldats, nos gendarmes, nos policiers; tous ces enfants de la République qui, en uniforme, incarnent l’honneur, la dignité et la souveraineté de notre Nation.
A tous ceux qui ont donné leur vie pour la défense de la République, à ceux qui portent encore les blessures des crises militaro-politiques, j’adresse la reconnaissance éternelle de la Nation.
Leur courage, leur discipline et leur sens du devoir sont les piliers de notre liberté et de la stabilité retrouvées.
Mes Chers Compatriotes ;
La fête de la République m’offre aussi l’heureuse occasion de renouveler notre gratitude aux Nations-Unies qui, à travers les actions multidimensionnelles de la MINUSCA, ont contribué, aux côtés de nos forces de défense et de sécurité, à stabiliser notre pays et à restaurer les valeurs fondamentales de notre société.
Je saisis cette occasion solennelle pour témoigner la gratitude de la Nation aux pays membres du Conseil de Sécurité qui ont unanimement accepté de renouveler le mandat de la MINUSCA, dans un contexte de raréfaction des ressources et de crise du multilatéralisme.
Il s’agit là d’un acte d’amitié, de soutien sans faille au processus de paix, de sécurité, de réconciliation nationale et de la stabilité de notre pays.
La stabilité, nous la devons aussi aux forces alliées bilatérales russes et rwandaises qui, chaque jour, s’emploient, malheureusement au péril de leur vie, à nous porter secours et à garantir la stabilité et la pérennité des institutions de la République.
Comme l’exige la tradition centrafricaine, je réitère la gratitude de la Nation à la communauté internationale, à tous nos partenaires techniques et financiers qui continuent de soutenir notre pays dans ses moments difficiles, à travers des mécanismes de coopération bilatérale et multilatérale diversifiés.
Je formule le vœu que, pour la nouvelle période qui s’ouvre devant nous, nous continuions à renforcer davantage notre partenariat et notre amitié.
Je ne doute point que nous puissions continuer à les avoir de nos côtés pour consolider nos réalisations afin de les rendre encore plus durables et pérennes.
Nous comptons sur les amis et partenaires de la République Centrafricaine pour nous aider à préserver et renforcer la paix retrouvée, la stabilité des institutions et l’unité de notre pays.
Mes Chers Compatriotes ;
Au-delà de sa portée historique, le 1er décembre donne l’occasion à chaque citoyenne et citoyen de mesurer le parcours, les efforts, les réussites, les échecs, les résiliences de notre Nation.
C’est aussi un moment de prise de conscience collective sur le chemin parcouru, une invitation à consolider les acquis et à se projeter dans le futur.
Chaque génération de notre pays a eu à affronter ses propres défis majeurs : la trahison, la pauvreté, les crises militaro-politiques, l’instabilité, la mauvaise gouvernance, la dépendance accrue vis-à-vis de l’aide extérieure.
Pour nous, le défi majeur, après la plus grave crise que notre pays a traversée, fut de remettre la République Centrafricaine sur la voie de la stabilité, de la sécurité, de la paix, de la réconciliation nationale et du développement.
Ce que nous avons accompli ensemble, ces dernières années, est une transformation profonde de l’Etat qui défie tous les pronostics macabres et les manipulations médiatiques.
A titre d’illustration, notre armée, naguère divisée et meurtrie, s’est reconstruite avec humilité et patriotisme. Elle n’est plus une armée errante, mais une armée républicaine.
Sa mission est claire : protéger le peuple, défendre l’unité nationale et l’intangibilité du territoire, garantir la stabilité des institutions et incarner l’autorité légitime de l’Etat.
Cette armée moderne et républicaine est aujourd’hui respectée dans les enceintes régionales et internationales parce qu’elle coopère sans se soumettre, s’ouvre sans se diluer et reste fidèle à une seule cause : la souveraineté nationale.
Oui, mes Chers Compatriotes, la souveraineté ne se proclame pas: elle se conquiert, elle se consolide, elle se protège.
C’est pourquoi, en célébrant le 67ème anniversaire de la Proclamation de notre République, nous pouvons nous réjouir des importants acquis de la 6ème République.
Aujourd’hui, la paix est revenue, fragile mais réelle, conquise au prix du dialogue, du pardon et de la détermination.
Nous avons démontré que la parole, lorsqu’elle est ferme et juste, peut triompher du bruit des armes.
Aujourd’hui, le vivre ensemble est une réalité. Le développement est visible, concret et palpable à travers le pays.
Nous devons être fiers de vivre dans un pays réconcilié, uni et souverain qui, aujourd’hui, est considéré comme un îlot de paix dans la Sous-région, dès lors que nous savons là où nous étions avant 2016.
Mes Chers Compatriotes ;
Le contexte régional et international reste marqué par de grandes incertitudes.
Aux menaces sécuritaires dans la Région s’ajoutent les défis économiques, financiers, humanitaires et environnementaux auxquels sont confrontés tous les pays du monde.
Face à ces situations, notre pays a fait preuve de résilience, grâce à la mobilisation de ses filles et fils derrière les idéaux de paix et de réconciliation nationale que nous portons.
C’est pourquoi, depuis 2016, nous avons choisi la voie du travail, de la méthode. Pas de miracles, mais des fondations solides : nos routes renaissent, nos écoles se reconstruisent, nos hôpitaux rouvrent, nos terres se cultivent à nouveau.
Nous avons misé sur la jeunesse, sur l’éducation, sur l’énergie et sur le numérique.
Nous avons donc mené des réformes importantes qui ont porté des résultats tangibles dans divers domaines tels que l’électricité, l’eau potable, le numérique, les voiries urbaines, la santé, la modernisation et le rajeunissement de l’administration publique, l’amélioration des connaissances géologiques de notre pays.
Dans le domaine de l’éducation, les infrastructures scolaires et universitaires continuent de pousser, à travers tout le pays.
Les infrastructures routières que nous construisons permettent de fluidifier la circulation dans la Capitale et dans certaines Régions de notre pays.
A terme, elles permettront de relier notre pays à d’autres pays de la CEMAC par les différents corridors et, s’il plait à Dieu, par le chemin de fer.
Dans cette dynamique, nous avons contribué à réduire le chômage des jeunes par des recrutements massifs dans les forces de défense et de sécurité et dans la Fonction publique.
Les femmes deviennent de plus en plus autonomes par la réalisation des activités génératrices de revenus et même sur le plan politique où leurs voix se font de plus en plus entendre.
Sur la scène internationale, nous avons fait de la République Centrafricaine une Nation debout, respectée et écoutée dans le concert des Nations.
Mes très Chers Compatriotes,
Les élections présidentielle, législatives, régionales et municipales auront lieu le 28 décembre prochain.
C’est là le signe d’une démocratie qui s’enracine, d’une République qui se consolide, d’un peuple qui assume pleinement sa souveraineté.
Ce sera un moment historique, un moment de vérité pour notre démocratie.
Je veux saluer les partenaires techniques et financiers et tous ceux qui, à travers le pays, s’engagent pour un scrutin paisible et transparent.
Je le dis avec gravité : le vote est un acte de foi, un acte de responsabilité, un acte d’amour pour la République.
C’est pourquoi, ces élections ne seront pas seulement un choix de dirigeants, mais une affirmation collective de notre maturité démocratique et de notre souveraineté nationale.
Je déplore cependant qu’au même moment, certains Compatriotes résidant à Paris, se prétendant Avocats d’un candidat, sous le fallacieux prétexte d’une probable dangereuse dérive du processus électoral, aient choisi, le 13 novembre courant, d’adresser aux partenaires internationaux des demandes de sanctions économiques et d’embargo contre notre pays.
Ces demandes, dignes des ennemis et traîtres de la République, ravivent les funestes cauchemars des embargos sur les armes et sur le diamant qui ont si durement pénalisé, pendant dix (10) années consécutives, notre sécurité, notre économie et nos efforts de sortie de crise.
Ces démarches, irresponsables et contraires à l’intérêt national, dévoilent le véritable visage de ceux qui, au lieu de défendre la République, préfèrent se ranger du côté de leurs maîtres étrangers auxquels ils ont fait allégeance.
Ce sont là, mes Chers Compatriotes, les porte-voix de l’étranger, des fils égarés de la République, toujours prompts à défendre des intérêts autres que ceux de la Nation.
Qu’ils le sachent : ce qualificatif leur restera attaché comme une signature politique et les définira durablement devant l’Histoire.
Je sais que chaque défi est une opportunité pour le peuple centrafricain de devenir plus fort, plus uni et plus solidaire.
Je déplore également le climat délétère qui s’est instauré dans le débat politique de notre pays.
Dans le contexte délicat qui est le nôtre, ma tâche est de me placer au-dessus des contingences partisanes et, en particulier, d’éviter que les passions ne s’exacerbent et que le débat contradictoire, propre à toute démocratie, ne prenne l’allure de guérilla permanente et de règlement de compte.
Notre Constitution nous donne le droit à la liberté d’expression et selon ce principe, le débat politique se doit être libre, éducatif, digne et courtois.
Il ne doit pas semer la discorde et saper la confiance des Centrafricains envers leurs institutions démocratiques.
En ce qui me concerne, je me suis toujours efforcé de donner au débat politique toute sa dignité, toute sa noblesse et toute sa hauteur.
L’approche des scrutins ne justifie pas que l’on puisse céder aux passions les plus basses et les plus dangereuses.
J’en appelle donc à la sérénité, à la retenue, à la responsabilité de chacun et à une conception plus haute de l’intérêt national.
En ce moment charnière de la vie nationale, j’exhorte l’opposition à poursuivre le dialogue avec le Gouvernement, dans le respect de la loi fondamentale et de l’intérêt national.
J’appelle tous les acteurs politiques, sociaux et la société civile à faire preuve de responsabilité et de maturité.
Nous devons réussir, en dépit de nos divergences, à instiller chez les jeunes qui constituent l’avenir de notre Nation, le désir de vivre ensemble et de compter sur le travail, l’effort et le mérite pour avancer dans la vie.
Chacun de nous rêve certainement d’un pays prospère, d’un lendemain meilleur. Pour que ces rêves soient exaucés, il est important que la paix, l’unité et la stabilité règnent en maître dans notre pays.
Je fonde mon espoir sur la capacité de notre pays à relever les défis. C’est ensemble que nous pourrons gagner le combat contre les maux qui minent notre société.
La haine, la vengeance, la trahison, la division, la corruption, la désinformation, les armes ne prévaudront point dans la 7ème République.
L’appel que je vous lance ce soir, en ma qualité de Père de la Nation, est de préserver la paix retrouvée, l’unité nationale, la stabilité et la prospérité de notre pays.
Nous devons nous mettre résolument au travail si nous voulons que notre pays continue à se relever et à prospérer.
Centrafricaines, Centrafricains,
Notre destin n’est pas écrit ailleurs. Il s’écrit ici, chaque jour, dans nos mains et dans nos cœurs.
La République n’est pas une œuvre achevée : elle se construit jour après jour, par la foi, la morale et l’humanisme.
La foi, c’est la confiance en Dieu, mais aussi en nous-mêmes. Par elle, nous triompherons de nos défis, nous soulèverons des montagnes.
La morale, c’est le sens du devoir, la rigueur dans la gestion de la chose publique, le refus de la corruption, du mensonge et de la facilité.
L’humanisme, enfin, c’est la tendresse du pouvoir, la compassion envers les plus faibles, la main tendue vers les exclus.
Ces vertus doivent guider chacun de nos pas, car elles sont la force invisible des grandes nations.
Mes Chers Compatriotes ;
La commémoration de la République est un fort moment d’union, d’amour, de compassion et l’occasion de réaffirmer les valeurs de paix et de pardon qui la fondent.
A cet égard, conformément aux pouvoirs que me confère la Constitution, j’ai signé un décret portant remise gracieuse des peines à des personnes condamnées pour crimes ou délits et dont les peines sont devenues définitives avant le 1er décembre 2025.
Cette grâce présidentielle pourra bénéficier à plus de 862 condamnés.
Je suis persuadé que ces mesures d’apaisement sociale et de réconciliation nationale contribueront à une rapide réinsertion sociale des bénéficiaires qui redeviendront des citoyens responsables et respectueux des lois.
Mes Chers Compatriotes ;
En terminant mon adresse, je voudrais rendre hommage à notre jeunesse, aux femmes et à toutes les forces vives de la Nation qui, dans l’ordre et la dignité, défileront demain, en donnant à la fois une belle image de la jeunesse de notre pays, du dynamisme de nos forces vives, de la renaissance de nos forces de défense et de sécurité et de la vitalité de notre démocratie.
En ce jour d’allégresse et de rassemblement national, je tiens à vous adresser mes vives et chaleureuses félicitations pour vos contributions multiformes à la promotion des valeurs cardinales de la République.
Je souhaite de tout cœur une belle Fête nationale à toutes les Centrafricaines et tous les Centrafricains qui sont ici et partout dans le monde.
Tous unis pour une paix durable dans la 7ème République !
Vive la République !
Que Dieu bénisse la République Centrafricaine et son Peuple!
Je vous remercie.







